Sarkozy souhaite un président "leader" et pas "arbitre"

''Un candidat doit dire avant l'élection ce qu'il va faire et faire ensuite ce qu'il a dit'', a souligné Nicolas Sarkozy.

Le numéro deux et le numéro un du gouvernement se sont succédé à la Cité de la réussite.

NICOLAS SARKOZY, Ségolène Royal et Dominique de Villepin se sont succédé, hier, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, pour répondre aux questions des participants à la Cité de la réussite. Premier à passer l'épreuve, Nicolas Sarkozy semble plus à l'aise que les organisateurs ­effarés par l'affluence et les moyens de sécurité déployés : « En quinze ans de Cité de la réussite on n'a jamais vu ça, même quand Chirac est venu ! » Mais il y a un an, le ministre de l'Intérieur faisait évacuer la Sorbonne. Venu en invité, le futur candidat mesure le risque de se retrouver piégé dans une de ces « commémorations douteuses » des violences que les médias ­alimentent. Et ça ne rate pas : la première question étudiante porte sur la « brutalité » de ses positions. La riposte fuse : « Parce que j'ai dit ­racaille en janvier 2005, je suis responsable des émeutes de novembre ? Dès que quelqu'un dit ce qu'il pense, il est dénoncé par l'immense cohorte des conservateurs de gauche et de droite ». Le présidentiable favori à droite énumère les qualificatifs dont il est gratifié : « Populiste, islamophobe, antieuropéen... ». Pour lui c'est « du délit de sale gueule, des procès en sorcellerie, des méthodes fascistes ». Au passage Yannick Noah en prend pour son grade, lui qui « prêche la tolérance et est si intolérant avec ceux qui n'ont pas ses idées ».

Sur la « responsabilité », thème du colloque, le prétendant à l'Élysée a aussi beaucoup à dire : « Un président, ce n'est pas un arbitre, c'est un leader. Un candidat doit dire avant l'élection ce qu'il va faire et faire ensuite ce qu'il a dit. » Son objectif : « Faire de la prochaine campagne une sorte de référendum démocratique pour qu'à gauche comme à droite chacun dise ce qu'il veut. »

« Mettre ses idées sur la table »

Nicolas Sarkozy vise plus particulièrement Ségolène Royal qu'il veut forcer à « mettre ses idées sur la table ». Pour le moment, selon lui, « quand elle dit mes idées sont les ­vôtres, elle reprend du Le Pen ». Juste avant de quitter la Sorbonne, le ministre de l'Intérieur s'offre le luxe d'offrir la parole à un manifestant qui a revêtu un tee-shirt assimilant sa politique d'« immigration choisie » au « Code noir » de Colbert qui réglementait l'esclavage. Une dernière occasion pour le futur candidat de s'insurger contre la « pensée unique ».

Hier après-midi, c'était au tour de Dominique de Villepin. Un Villepin modeste qui, interrogé sur son éventuelle candidature à la présidentielle, affirme qu'il n'a pas « l'appétit du poste du dessus ». « Je ne suis pas un professionnel de la politique, je suis là un peu par hasard (...) Tout le monde pense que c'est formidable de grimper, d'avoir des responsabilités, d'être connu, mais je vais vous dire, c'est pas si simple », explique le premier ministre, qui refuse de répondre à une question sur sa candidature parce que, dit-il, « elle me détourne de la mission qui est la mienne de servir les Français ». Il n'épargne pas les présidentiables, en estimant que « le débat qui a lieu aujourd'hui, c'est plus un débat pour savoir qui va aller à Matignon que qui va aller à l'Elysée ».

Quant à une nouvelle candidature de Jacques Chirac, « la réponse lui appartient », précise-t-il, mais « je pense que dans les circonstances particulières que nous vivons au­jourd'hui, la question est légitime ».