L’UMP s’engouffre dans la polémique, à un an et demi des élections municipales. Le débat ne fait que commencer...
Une tribune retentissante de Françoise de Panafieu, Roger Karoutchi et Claude Goasguen le mercredi dans le Figaro (« Qui peut se loger en Ile-de-France ? »), des Assises du Logement le lendemain en compagnie de tous ses élus franciliens... l’UMP n’en finit plus de pointer du doigt les points noirs du logement parisien.
Un constat sans appel Principale conclusion de ces Assises : le logement social parisien progresse... à un train de sénateur. En 2005, selon l’APUR (voir « les points noirs du logement parisien »), il représentait 14,57% des résidences principales (contre 13,4% en 2000), soit encore nettement en dessous du seuil fatidique des 20% dicté par la loi SRU. Bilan : fin 2005, 103 993 ménages avaient déposé une demande de logement social dans la capitale. Et « 83 % des habitants de Paris et des communes limitrophes peuvent prétendre à l’attribution d’un logement social », ironisent les élus UMP.
Surtout, l’UMP s’insurge d’un tour de passe-passe : à peine un tiers des logements sociaux financés à Paris entre 2001 et 2005 correspond à de la construction neuve, donc apte à loger des personnes inscrites sur les listes des demandeurs ou en situation de mal logés. Les 2/3 restants correspondent à des préemptions et des acquisitions-réhabilitations, qui portent sur des immeubles occupés. En moyenne, seulement 10 à 15% des logements sont donc réellement libres...
Enfin, l’offre de logements neufs dans le parc privé est un désert : 963 logements à la vente en 2005, environ 400 en 2006 selon les chiffres de la Fédération Nationale des Promoteurs Constructeurs. Mieux toutefois que dans le parc social, où le nombre de logements en accession sociale à la propriété proposé sur Paris est de... zéro.
Rotation au ralenti « Le meilleur marché de la résidence secondaire aujourd’hui, c’est le logement social », s’amuse Christian Julienne, Président de Héritage et Progrès, un "think tank" libéral à la française présent jeudi aux côtés de l’UMP. En clair, le taux de rotation n’est que de 5%, contre 30% dans le privé, et les familles se transmettent leur logement social de génération en génération... Comme le souligne Roger Karoutchi, sénateur des Hauts de Seine et acteur récurrent du débat, « le locatif social ne devrait être qu’une étape dans le parcours résidentiel menant à la propriété et non un mode perpétuel et figé de l’habitat. » Citant l’exemple de sa commune, Le Plessis Robinson, parmi les plus fournies de France en logements sociaux (60%), Philippe Pemezec considère quant à lui "que la destruction est un acte fondateur pour reconstruire une ville à taille humaine. (...) Les maires bâtisseurs ne sont pas nombreux. Il faut libérer du foncier, reconstruire la ville sur la ville, et donner aux maires des incitations financières à le faire. Et pour le logement social, rendre aux maires le contrôle des attributions des logements qu’ils construisent "
On ne logera pas tout le monde à Paris Françoise de Panafieu, candidate UMP à la Mairie de Paris, estime que des perspectives d’évolution existent pour les 103 000 demandeurs de logements sociaux parisiens via « une remise sur le marché effective des 35 000 logements vacants et une relance de la construction de 4000 logements par an ». La députée-maire du XVIIème arrondissement préfère d’ailleurs parler de « logement aidé » plutôt que de « logement social » : « il faudrait distinguer le logement aidé par l’Etat concernant le logement d’urgence, le logement étudiant et le logement médicalisé, de tout le reste, qui devrait relever du logement intermédiaire et privé » précise-t-elle.
Et de conclure « Il faut revenir à un juste équilibre. Paris s’isole totalement face à des communes riveraines en pleine expansion. Paris doit discuter de son PLU avec les communes de la région pour construire plus et de meilleure qualité environnementale, en créant des coopérations équilibrées et respectueuses des identités de chacun. »
Voici l’idée lancée d’un grand Paris du logement qui ferait tomber les barrières du périphérique pour que les communes puissent assurer le bonheur de leurs habitants... Paroles de femme ou de candidate ?