Député UMP (aujourd’hui encarté CNI), Christian Vanneste a, à l’approche de la soixantaine, décidé de sortir de l’ombre (celle de Christine Boutin ?) en lançant d’abord un amendement très controversé (voté par l’UMP puis abrogé) vantant "le rôle positif" de la colonisation à la française mais surtout en s’opposant en des termes homophobes à la loi (elle aussi votée par l’UMP) pénalisant justement les propos homophobes. Jubilant à l’idée d’en découdre avec les fossoyeurs de l’humanité (c’est nous, ndlr), le député du Nord a multiplié les interviews, les sorties à l’emporte-pièce contre les homos. A tel point, qu’il a été condamné en janvier 2006 pour injures homophobes, une condamnation dont il a fait appel. Mauvais joueur, il a déposé, en juillet dernier, une proposition de loi visant à vider de sa substance la loi de décembre 2004 qui a permis sa condamnation : la première en France d’un politique pour homophobie. Aujourd’hui, sa stratégie consiste à faire croire qu’insulter les gays, c’est normal et que l’empêcher est une atteinte à la liberté d’expression. Hâbleur, Christian Vanneste a convaincu vingt et un de ses collègues (tous UMP) de co-signer ce texte. On y trouve le nom de Joël Sarlot (UMP, Vendée) qui s’était illustré, il y a quelques années, dans un courrier particulièrement homophobe contre une campagne officielle présentant la France comme destination gay friendly aux touristes américains. Poursuivi en justice par le SNEG, Joël Sarlot avait alors été relaxé faute d’une loi sanctionnant les propos homophobes. |
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Evêque de profession, André Vingt-Trois, 64 ans, est depuis 2005, archevêque de Paris. Membre influent du Conseil pontifical pour la Famille (au Vatican), cet ecclésiastique multiplie depuis des mois les sorties contre l’ouverture du mariage aux homosexuels et cela, en toute occasion. En octobre 2005, lors de la messe de rentrée pour les parlementaires (!), André Vingt-Trois tonne contre le mariage gay et fait la leçon aux élus : "En cédant à un processus de légitimation des mœurs partielles ou de besoins particuliers, le législateur épuise sa mission de formuler les moyens nécessaires à la vie sociale". En juin 2006, après d’autres sorties, il hausse le ton dans un registre nettement plus homophobe. Interviewé dans "Famille Chrétienne", il énonce, sans sourciller : "Entrer dans un certain type d’exercice de la sexualité, hors de l’union stable d’un homme et d’une femme, conditionne un certain type de vie sociale, qui peut être marqué par des formes de pathologie, de désespoir, de violence." Très opposé à la pénalisation des propos homophobes, André Vingt-Trois est aujourd’hui un des principaux leaders religieux opposés à l’égalité des droits pour les personnes LGBT. |
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Travailleur (342 questions écrites posées durant son mandat en cours), le député UMP Jean-Marc Nesme, 63 ans, était jusqu’à présent un parlementaire aussi chevronné que terne et d’obédience catholique prononcée. Un engagement qui frise un peu l’obsession lorsqu’on observe certaines questions qu’il adresse au gouvernement. Il interpelle ainsi le ministre de l’Education nationale sur le "vide juridique auquel sont confrontés certains infirmiers en milieu scolaire qui refusent d’administrer la pilule du lendemain aux adolescentes qui en font la demande". Il demande aussi au ministère de la Justice pourquoi "Libération" n’a pas été condamné après la publication d’un dessin pas très catholique. Cet engagement religieux conservateur trouve logiquement sa traduction dans le combat contre les revendications LGBT. Car le vrai titre de gloire (façon de parler) du député de Saône-et-Loire est d’être le père de l’Entente parlementaire contre le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, une pétition qui réunit plus de 300 parlementaires de droite contre l’égalité des droits. Ces derniers mois, il a profité de cette tribune pour s’opposer au mariage gay — sujet dont il est convaincu qu’il sera un des thèmes de la présidentielle 2007 — et lutter contre l’image positive que les médias donneraient systématiquement de l’homoparentalité. Ses attaques virulentes contre Christophe Girard et son livre "Père comme les autres" en sont une parfaite illustration. |
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Maire de Sotteville-sous-le-Val depuis 2001, Franck Meyer avait objectivement peu de chances de se faire un nom en politique. Ce déficit est désormais modestement surmonté grâce à sa décision de lancer, avec quatre autres maires, un mouvement de lobbying contre le mariage homo en France en réaction au premier mariage gay de Bègles en 2004. Pour ce faire, cette fine équipe a créé le collectif des Maires pour l’enfance, variante de feu la pétition de Michel Pinton contre le PaCS. La stratégie de ce lobby qui se prévaut du soutien de près de 11 000 élus (dont la liste n’a jamais été publiée) est d’empêcher toute avancée législative du mariage homo sans jamais dire du mal (mais c’est difficile) des pédés. Lors des interviews, Franck Meyer rappelle toujours que "les homosexuels sont des citoyens comme les autres" mais c’est pour mieux expliquer que c’est au nom d’un "principe de précaution" (!), d’une "vigilance accrue en matière de continuité sociale et humaine pour notre pays" qu’il faut lutter contre le mariage homo qui serait, rien moins, qu’"autodestructeur et déresponsabilisant". |
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François Devoucoux du Buysson
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| François Mitterrand avait comme contempteur Jean Montaldo. Bertrand Delanoë est tombé sur François Devoucoux du Buysson. De livre en livre, de tribune en tribune, sur son site Internet (Observatoire du communautarisme) ou dans sa lettre satirique ("Le Perroquet libéré"), ce jeune essayiste (33 ans), souvent présenté comme un ancien chevènementiste, n’en finit pas de critiquer la gestion municipale — son prochain bouquin est consacré à la circulation. Rien à y redire sur le principe, si la méthode utilisée n’était pas si grossière et si délibérément caricaturale. Un exemple ? Dans "Paris, cide" (il faut savoir que côté humour, il est de l’école Laurent Ruquier), François Devoucoux du Buysson consacre un chapitre à Delanoë et aux homos où il amalgame pédophilie, outing, clientélisme… L’ouvrage prétend même (p. 61) que la mairie de Paris a publié et affiché des affiches "porno chic" montrant des "photos de triolisme". Bref, tout est bon pour arriver à ses fins. En l’occurrence, faire passer l’idée que tout ce qui peut être fait en faveur des personnes LGBT, l’est au détriment du bien général et n’est rien moins qu’une dérive communautariste. C’est la thèse longuement développé dans "Les Khmers roses", une expression qui fera florès y compris dans la bouche de Christian Vanneste. Quand à ces commentaires, souvent taillés à la serpe, et à ces infos, souvent instrumentalisées, elles sont largement reprises par l’UMP parisienne (voir le "Livre noir" consacré à la gestion Delanoë) et "Le Marchand de sable", le pamphlet poussif de Sophie Coignard. |
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